Interview 18 : Julie Lamoine chorégraphe de la compagnie Les Chemins de la Danse > 12e édition d'Entrez dans la danse, Fête de la danse

Dans le cadre d'Entrez dans la danse, Fête de la danse qui aura lieu le dimanche 7 juin 2015, nous vous livrerons plusieurs interviews ou portraits d'artistes, danseurs, chorégraphes qui font partie de cette 12e édition.

INTERVIEW 18 

"Promenons-nous à Paris, à Bercy;
Pendant qu' le public est là :
S’il n’y était pas, nous n’y serions pas !
Mais puisqu'il y est, nous y danserons !!!


Julie Lamoine



-  Qui es-tu ?
Je suis Julie Lamoine, danseuse contemporaine, chorégraphe mais aussi danse-thérapeute et pédagogue. J’ai donc de multiples fonctions. Je travaille auprès de tous les publics au sein de la compagnie « Les Chemins de la Danse » dont je suis la fondatrice, et qui a pour but de promouvoir la danse pour tous les publics. Je m’engage pour l’accès à la danse et à sa pratique dans ses aspects artistiques, pédagogiques mais aussi de médiation. Aujourd’hui même (3 mai 2015) par exemple, j’ai donné un atelier de danse pour des femmes de la Halte femmes, en situation de grande précarité et sans domicile fixe. C’est l’un des aspects de mon travail mais ma démarche s’inscrit sous plusieurs angles, notamment auprès de personnes en situation de handicap.
Ma présence au festival « Entrez dans la danse, fête de la danse » sera sous le volet artistique avec la création « sHommeS » née de ma recherche avec le collectif « Rencontres dansées » dans lequel les participants se retrouvent autour d’un intérêt commun : danser dans l’espace publique et créer un imaginaire à partir des espaces traversés au quotidien. Dans ce collectif, certaines personnes sont en situation de handicap.
Mon travail s’inspire de la composition instantanée et notamment des « scores » mis en avant par Nancy Stark Smith, sortes de partitions dansées dans lesquelles les danseurs improvisent selon des principes organisateurs prédéfinis. Dans cette performance, j’ai convié le compositeur Shäy Mané qui mixera en temps réel à partir de ses créations personnelles pour construire une synergie dans laquelle musique et danse se nourrissent mutuellement.

-          Que fais-tu ?
La compagnie « Les Chemins de la Danse » est une association en plus d’être une compagnie, elle s’inscrit donc dans un engagement associatif. Ainsi, la démarche de transmission pour tous les publics, se fait aussi bien auprès de jeunes enfants que des familles ou des bébés, avec des ateliers d’éveil sensoriel. La relation du mouvement dans la danse entre l’adulte et l’enfant est très intéressante.
Sur le plan artistique de la compagnie, je viens de réaliser récemment un projet de solo, « suis-je ». Cette pièce chorégraphique vient questionner le féminin, sa transmission à travers les générations et ce que j’ai reçu  personnellement en terme d‘images de corps entre autres. Cette création est également en lien avec des événements historiques autour de la Shoah, la Grande Histoire mais aussi celle de ma famille. Ce solo explore la transmission de ce traumatisme par la mise à jour des mémoires corporelles mais également son intégration pour mieux s’en affranchir et  s’en libérer à travers l’avènement du féminin.
Ma démarche artistique est souvent en lien avec la question de l’intime, de l’individualité et le partage de ces expériences personnelles avec le public. L’intention est de toucher à l’universalité qui nous rassemble tous en tant qu’êtres humains. C’est le propos de la performance « sHommeS » qui traite du masculin avec seulement des hommes interprètes, de tous horizons et de toutes capacités perceptives. Cette création constitue un dyptique avec le solo « suis-je ». Elle s’inscrit dans une recherche plus globale de la compagnie qui explore les questionnements identitaires et vient révéler l’humanité de chacun dans toute sa puissance et sa fragilité.
Il y a une dimension politique dans l’idée que tout le monde peut danser, quelques soient ses origines, son milieu social, son âge, ses problématiques personnelles, sa mobilité ou ses capacités perceptives. Cela s’inscrit également dans un processus de démocratie culturelle dans lequel chacun peut s’approprier une pratique artistique de son choix et prendre la parole à travers la danse.

-      - Comment vois-tu l’avenir ?
L’association a 5 ans mais les projets artistiques de la compagnie sont plus récents, même si le collectif « Rencontres Dansées » existe depuis le début. Nous développons actuellement le volet artistique pour aller vers une professionnalisation d’une démarche qui se situait davantage du côté amateur auparavant.
Nous ne nous isolons pas et travaillons sur des projets en collaboration avec d’autres compagnies telles que « operating system/collectif 3 ». Nous avons également développé des partenariats solides avec de grandes institutions dans le cadre de la médiation culturelle telles que le Théâtre de la Ville, le Théâtre National de Chaillot ou encore le Centre National de la Danse.
Nous avons bénéficié de nombreux soutiens, financiers pour certains projets (Ville et département de Paris, Ministère de la culture et de la communication) mais aussi logistiques, notamment le Centre National de la Danse qui nous permet de réaliser nos projets artistiques grâce à la mise à disposition de studios. Nous travaillons également en collaboration étroite avec certains centres d’animation de la Ville de Paris comme le centre d’animation les Halles – le Marais ou encore  La Maison des Ensembles et le centre d’animation Daviel qui ont accueilli notre compagnie en résidence pour la saison 2014/2015.

Je vois beaucoup les choses dans la transversalité, le partage, l’échange des pratiques et la collaboration artistique entre différentes structures et compagnies. Concernant l’association, comme pour un peu tout, l’avenir est incertain car nous sommes dans une conjoncture où tout est incertain. Nous ne savons pas pour combien de temps nous pouvons compter sur nos soutiens. Il y a une part de possibles et une autre d’incertitude. Nous faisons avec et continuons à aller de l’avant pour mettre en œuvre nos projets. Il faut beaucoup de volonté et de mobilisation pour avancer.   


Propos recueillis par Ambre Deschamps, Assistante de production et de communication


Retrouvez toute la programmation d'Entrez dans la danse,  fête de la danse sur http://entrezdansladanse.fr/wp/programmation-2015/

Interview 17 : Christine Hassid Compagnie Christine Hassid Project : 12e édition d'Entrez dans la danse, Fête de la danse

Dans le cadre d'Entrez dans la danse, Fête de la danse qui aura lieu le dimanche 7 juin 2015, nous vous livrerons plusieurs interviews ou portraits d'artistes, danseurs, chorégraphes qui font partie de cette 12e édition.

INTERVIEW 17 

"Promenons-nous à Paris, à Bercy;
Pendant qu' le public est là :
S’il n’y était pas, nous n’y serions pas !
Mais puisqu'il y est, nous y danserons !!!

Christine Hassid
Qui es-tu ?
Je me nomme Christine Hassid, je  suis chorégraphe aujourd’hui, mais avant j’ai dansé dans plusieurs compagnies en qualité d’interprète, dans la « Batsheva Ensemble », (Ohad Naharin),  je faisais partie des premières françaises dans les années 90 ; avant cela, j’ai été formée à Bordeaux en danse classique surtout. Après la Batsheva Junior, je suis partie travailler avec d’autres compagnies contemporaines Françaises et notamment avec Rédha qui est malheureusement en France juste véhiculé et reconnu à travers l’émission Champs Elysées, et la télévisions, mais j’ai eu la chance d’être soliste pour lui, de travailler avec sa compagnie. J’ai eu également l’opportunité de travailler pour d’autres compagnies avec lui car j’étais son assistante pendant 10 ans. Il a chorégraphié pour Alvin Ailey Dance Company à New-York et j’ai eu l’honneur de l’assister au sein de cette prestigieuse compagnie, mais ce ne sont pas des choses qui sont dites et véhiculées en France de son parcours et aussi du mien. Idem avec  le Ballet d’Amsterdam « Het National Ballet », 95 danseurs à l’époque, où il y avait en même temps dans un studio des danseurs répétant du Forsythe, dans un autre du Ohad Naharin, un étage où il y avait la création avec Rédha, et le soir même les danseurs dansaient du répertoire classique tel que La Bayadère… C’était fabuleux. J’ai appris l’envers du décor dès ces expériences là et très vite j’ai appris à diriger des répétitions, à organiser des planning etc … J’ai eu la chance de vivre deux créations sur 3 saisons au Het National Ballet.
Par ailleurs, je n’ai aucun problème pour le dire j’ai travaillé pour des spectacles plus populaires : la comédie musicale (Roméo et Juliette), j’ai joué dedans, j’ai également aidé et/ou fait les castings des danseurs, chanteurs, j’ai formé beaucoup de cast et puis ensuite, j’ai fait partie de l’équipe de remontage à l’international de cette comédie musicale. J’ai notamment eu la chance à Vienne de travailler et de répéter avec des chefs d’orchestres et leurs musiciens, et des équipes techniques assez pointues. Donc, autant des choix privés avec des gros budgets et beaucoup de pression financière, parce qu’il fallait que l’argent rentre et que ça marche tous les soirs, comme de la compagnie nationale et internationale, la télé et le showbiz … j’ai touché à tout et j’ai beaucoup de chance.
J’ai quitté le plateau, et à partir de là, j’ai eu très vite l’opportunité de créer. Rédha était d’ailleurs le premier à avoir vu que j’avais quelque chose à dire et qui m’a dit « vas-y, lance-toi ! ». Il m’a toujours soutenue dans mes choix et dans mon évolution… La vie a fait que j’ai rencontré des Ballets juniors assez rapidement et j’ai pu commencer mes premiers essais chorégraphiques. J’ai aussi aidé des danseurs à se former, essentiellement par le biais de créations. Certains d’entre eux sont entrés dans de grosses compagnies, donc les professionnels ont commencé à parler de moi par le biais de ces danseurs et puis un jour, j’ai eu la chance, en juin 2014, que le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris me contacte. Au début, je ne comprenais pas, et on me dit qu’un élève de dernière année en section danse contemporaine me demandait de faire une transmission du répertoire de ma compagnie pour son certificat de fin d’études en danse contemporaine. A partir de là, après avoir été validée par la direction du conservatoire je suis donc allée au CNSMDP quelques jours pour transmettre à ce danseur incroyable le solo d’Orphée, extrait de ma première création pour ma compagnie. Il a remporté le Premier Prix. C’était fabuleux. L’examen comportait une chorégraphie imposée, une composition libre et une chorégraphie de répertoire. Tout de suite après,  la direction est venue me voir et certains membres du jury m’ont demandé d’où je venais, qui j’étais, parce qu’ils ne me connaissaient pas … ils voulaient faire quelque chose pour m’aider afin d’avoir une visibilité … Alors, je leurs ai dit que cela faisait quelques années que j’essayais d’avoir une visibilité dans ma ville entre autre, mais que c’était très difficile. Ils m’ont alors conseillé de faire des concours chorégraphiques.
D’où la rencontre avec toi, Valérie, car je me suis inscrite aux concours des Synodales. Mes danseurs étaient avec moi, me soutenaient ainsi que ma famille et mes amis proches. On a tous fait le pari : allez, on y va ! Honnêtement, je me suis dit si je n’ai rien à ce concours, j’arrête ! Je commençais à baisser les bras après 5, 6 années de sacrifices et puis, de me dire que je n’avais peut-être pas ma place au final … on a envie, on travaille, on met une dévotion totale dans nos projets mais il faut que le monde de la danse ait envie de nous aussi …
Je suis aussi quelqu’un qui a vécu dans le monde entier. Dès l’âge de 17 ans, j’étais à Tel Aviv, Amsterdam, Vienne, Moscou, New York j’ai une vie exceptionnelle.
Là, je suis de retour en France depuis seulement 6 ans et j’ai lancé ma compagnie en 2012. Je crée depuis 2008, mais je souhaitais créer ma compagnie une fois que je me sentirai  prête. Il y a eu tout d’abord la rencontre avec Thierry Malandain à Biarritz qui a été très importante et fondamentale. J’ai fait partie des chorégraphes des rencontres inter-universitaires (UPPAdanse). Mon travail chorégraphique a ainsi été vu à Biarritz et lors de la tournée universitaire (Bordeaux, Bayonne, Pau, Biarritz). En 2012, je crée ma compagnie Christine Hassid Project (CHP). Le Malandain Ballet Biarritz m’ouvre les portes pour créer Orphée.com dans leurs locaux, un duo sur le mythe d’Orphée et Eurydice, avec un prêt de studio. J’ai eu la chance de pouvoir avoir ce duo programmé au Temps d’Aimer 2012 sur la scène ouverte du Jardin Public. Par la suite, je n’ai pas montré mon travail pendant deux ans parce que je me demandais si je continuais ou pas. Grosse remise en question car c’est compliqué de demander à des danseurs de se joindre à soi dans un studio quand on n’a pas de financements, qu’on n’est pas accompagné, qu’on a rien. C’est très gênant, parce que j’ai toujours bien bossé, en étant rémunérée et j’ai toujours été respectée. Mais, j’ai une équipe formidable qui m’a dit : on sait pourquoi on le fait. Ce sont des rencontres qui restent à vie, des amitiés très fortes qui naissent et qui sont si précieuses. Ils se reconnaîtront …
En 2014, je décide de créer un  trio de garçon « BELDURRA ». Cela faisait longtemps que je voulais parler des hommes à travers le regard d’une femme et j’avais aussi besoin de parler de mes origines. J’ai décidé de me lancer à nouveau. On l’a monté grâce à un partenariat avec une école de danse à Bordeaux : le Studio Petit Pas qui nous a prêté gracieusement des studios pour travailler. Je tiens à saluer et à remercier Stéphanie Massé, directrice de l’école car sans elle je n’aurai jamais pu créer cette pièce. Je ne suis pas passée par un circuit officiel pour obtenir une résidence puisque l’on ne me répondait pas … j’ai parfois renvoyé jusqu’à 8 fois le même mails à certaines institutions pour avoir un rendez-vous. Le seul lieu qui m’a fait confiance dès le départ et qui m’a tendu la main est le CCN Malandain Ballet Biarritz.


Que fais-tu ?
J’ai monté Beldurra cette année. Je l’ai commencé en juillet 2014, donc on avait qu’une semaine pour expérimenter du matériel et on a tout mis sur vidéo pour pouvoir postuler au concours chorégraphique les Synodales. Quand on a appris que nous étions sélectionnés pour le concours, on s’est dit ; « Ah là, il faut faire quelque chose ». On avait déjà de la matière, du matériel, mais, ce n’était pas peaufiné. Nous devions monter que 8 minutes maximum pour le concours. 8 minutes pour jouer votre futur, et ça, c’est très défiant. C’est un exercice terrible, on s’est retrouvé avec les danseurs, toujours au studio Petits Pas et aussi à Paris. Deux de mes danseurs vivant à Paris, j’ai lancé un appel à l’aide via les réseaux sociaux et sous les conseils de ma Présidente Sandrine Minvielle. La directrice danse du CRI de Villejuif, Virginie Cosnier s’est tout de suite manifestée pour venir à notre aide. J’ai encore eu beaucoup de chance d’avoir sur ma route des personnes qui croient en moi et qui m’ouvrent leur porte. Nous avons donc répété à Bordeaux quelques jours puis à Villejuif juste avant le concours. Nous avons obtenu le prix spécial « Biarritz Dantza » et le prix « Entrez dans la danse », Fête de la danse. Comme quoi, il ne faut jamais baisser les bras et ne jamais rien lâcher !
Je pense que le futur pour les jeunes créateurs passe par ces plates-formes, ces concours. Il faut être respecté, respectable, il faut être regardé, repéré, d’où la force des concours chorégraphiques (avant, il y avait Bagnolet)… Le concours des Synodales a toute sa place en France et heureusement que nous avons eu cela, nous avons eu le retour d’un jury de très haute qualité. Ça a été également une expérience hors norme pour les danseurs et mon équipe. C’est un souvenir à vie, quand le rideau s’est levé, ils ont tout envoyé habités par notre urgence, notre histoire, notre combat et notre engagement. Ils défendaient une écriture et ne se sentaient pas juger directement. Suite au concours, j’ai eu des propositions pour la pièce, alors qu’elle ne faisait que 8 minutes … et je me suis dit « c’est le monde à l’envers » et c’est très bien. Par le biais du concours, j’ai réussi à avoir des résidences et j’ai pu monter une version plus longue de Beldurra grâce à Micadanses (Paris) et au CRI de Villejuif qui nous a laissé les portes ouvertes. Beldurra a donc été plusieurs fois diffusée depuis Mars 2015 et un grand Ami qui a beaucoup de talent, Pierre Boisserie est entré dans l’équipe pour m’assister. Il a vu que j’avais besoin d’aide car tout s’accélérait et je suis tellement heureuse de l’avoir à mes côtés.
J’ai enfin eu la possibilité d’être reçue dans certaines institutions officielles. Mon but étant aussi de développer des choses sur mon territoire. Je suis quelqu’un en mouvement tout le temps, donc si je peux faire des projets européens, voire plus, franchement j’aimerai. L’avenir c’est aussi s’ouvrir vers l’extérieur.
En parlant d’ « extérieur », Je vais adapter la version de Beldurra de 20mn pour le plein air, à l’occasion du festival « entrez dans la danse ». C’est un défi que nous relevons avec plaisir et je t’en remercie Valérie !

Et que vois-tu dans  l’avenir, le tien et celui du spectacle vivant ?
J’ai une sensation que la danse revient dans la vie de tous les jours. Même quand on allume la télévision, dans les publicités de voiture, de voyage en avion, les assurances, tout est en mouvement, la vie est mouvement. Et par opposition, on nous dit, il n’y a plus assez d’engagement pour les danseurs, pas assez de contrats, et que c’est la crise. Donc, il y a quelque chose de très violent pour cette génération-là. On sent que la danse est là, mais pas autant dans les théâtres et festivals qu’avant. Dans nos villes, on voit qu’il y a des coupures de budgets pour les projets dansés, on va laisser la musique, le théâtre mais la danse est toujours la dernière roue du carrosse qui va souffrir et  ça commence à m’insupporter. L’autre soir j’étais à l’ Opéra de Bordeaux, c’était blindé, je crois qu’il y a une grosse demande du public, mais cela dépend aussi de la programmation proposée. Je pense qu’il faut qu’il y en ait pour tout le monde et je ne pense  pas que ce soit très positif d’avoir une politique de programmation fermée dans certains lieux. On stigmatise parfois le public et je suis pour l’ouverture d’esprit. Par exemple, quand je démarche, on me demande : Vous êtes quoi ? Classique ? Néo-classique ? Contemporain ? Autres ? Je réponds : je suis un métissage de tout cela. En France, on a tendance à ranger les gens dans des tiroirs, je pense que c’est bien dommage. La première programmatrice qui m’a détectée dans ma région est Françoise Dardot Boulon en 2012. Telle ma fée clochette, elle m’épaule depuis 3 années maintenant et elle a été la première a aimé ce métissage dans ma danse.
Ce que je souhaite : j’ai vécu une époque, où il y avait des Artistes pour nous faire rêver : M. Barychnikov, R. Noureev, S. Guillem, J. Kylian, M. Béjart, D. Bagouet, P. Découflé, etc … et cela me manque. Je me demande qui est-ce qui fait rêver les gens, les enfants de 10 ans dans le paysage chorégraphique d’aujourd’hui ? Je souhaite que tous les levers de rideau nous fassent autant rêver que dans ma jeunesse !
Pour nous, j’espère que cela va continuer de se développer et surtout que l’on puisse montrer notre travail. Avec le soutien du Centre Chorégraphique National d’Aquitaine en Pyrénées-Atlantiques - Malandain Ballet Biarritz, Beldurra a été sélectionnée pour la plateforme concours (Re)connaissance 2015.  L’Office Artistique de la Région Aquitaine (OARA) nous accompagne en coproduction et en coréalisation pour cet événement. Thierry Malandain est vraiment un chorégraphe de grand talent et un homme hors norme. Il aide la jeune création, il soutient divers projets toutes esthétiques confondues et je crois qu’il aime tout simplement la DANSE. Heureusement que ce grand Monsieur est dans ma région et je ne le remercierai jamais assez pour son soutien. Je souhaite évidemment que tout se passe dans les meilleures conditions pour préparer le concours (Re)connaissance et nous verrons bien ce que la vie nous concocte.

La place des femmes dans le milieu de la danse est très complexe. Qu’est ce qui se passe quand on regarde les Centres Chorégraphiques Nationaux français ? Il n’y a plus de femmes chorégraphes. Où est le regard au féminin sur la création chorégraphique ? Ah vrai dire ça m’angoisse énormément. Je me demande si les femmes baissent parfois les bras parce que c’est un tel parcours du combattant que s’il y a une famille à gérer en plus, ça devient héroïque ! On parle de parité en France, dans la danse, il n’y en a pas. J’espère que dans les 5 prochaines années ce déséquilibre sera réparé !

Et toi, ton actualité ?
Je viens de créer une pièce pour Dantzaz Konpanian au pays basque espagnol en coproduction avec le Malandain Ballet Biarritz. Cela faisait partie de mon prix « Biarritz Danza » du concours des Synodales. J’ai eu 2 semaines de travail avec ce groupe de 12 danseurs. Ça a été un pur régal et j’ai hâte de les retrouver. La Première aura lieu à Bilbao les 9 et 10 Octobre 2015 au théâtre Arriaga. Ça va être une expérience formidable et ma première date en Espagne. Cette création « Momentum » fera partie d’un programme d’un ensemble de 5 créations de plusieurs chorégraphes.
Pour la compagnie CHP, nous organisons une audition fin Juin à Paris pour une reprise de rôle pour Beldurra. J’ai un danseur qui est engagé en Allemagne dans une magnifique compagnie avec un contrat à l’année. Je suis très heureuse pour lui car il le mérite amplement … même si j’ai ma petite larme à l’œil de le voir partir. Ça va donc être notre dernière de Beldurra avec ces 3 danseurs réunis  en Juin au festival « entrez dans la danse ». Séquence émotion assurée …
J’ai des idées de création pour les saisons avenirs, j’espère pouvoir leurs donner vie ! J’ai une équipe formidable avec moi, des amis et une famille très solides. Mon environnement proche est juste magnifique, tous ces soutiens indéfectibles me donnent la force, l’énergie et l’élan pour avancer. Affaire à suivre !

Extrait vidéo de Beldurra
https://vimeo.com/121121993

Propos recueillis par Valérie Gros-Dubois, directrice de la Fête de la danse